Atteindre ses objectifs environnementaux avec ISO 14001:2015

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Notre impact sur l'environnement ne cesse d'augmenter, c'est un fait. Nous devons donc mieux comprendre et gérer cet impact. La version révisée d'ISO 14001 répond aux défis écologiques de notre planète en aidant les organisations à réduire leur impact environnemental et comprendre l'effet de l'environnement sur leurs activités.

 

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La nouvelle édition d’ISO 14001:2015, fraîchement publiée, ancre dans le 21e siècle la Norme internationale relative au management environnemental qui a rencontré le plus de succès dans le monde. C’est un grand pas en avant pour une norme environnementale essentielle qui couvre, sous un seul et même texte, tous les défis environnementaux (eau, air, sol, déchets, biodiversité, services écosystémiques, défis climatiques, etc.), et permet aux organisations de les gérer dans une approche globale.

Dans un monde constamment confronté aux défis environnementaux, il s’agit d’une excellente nouvelle. Contribuer, chacun à sa mesure, à la protection de la planète n’est plus une simple déclaration d’intention : c’est désormais un impératif opérationnel stratégique. Alors que la société et la planète sont aux prises avec des questions telles que les catastrophes naturelles, la déforestation, la surpopulation, l’atténuation des changements climatiques et l’adaptation, etc., les entreprises continuent d’éprouver la nécessité de gérer leurs défis environnementaux et de contribuer à trouver des solutions à ces enjeux qui nous concernent tous.

Selon Susan Briggs, l’Animatrice du groupe de travail chargé de la révision d’ISO 14001, dont l’expérience dans la mise en œuvre de systèmes de management environnemental n’est plus à démontrer, « cette norme a beaucoup évolué, mais d’un point de vue technique, les réels changements tiennent avant tout à la plus grande place accordée au développement durable. Nous ne souhaitons pas simplement prévenir la pollution. Nous souhaitons préserver l’environnement de tout préjudice et de toute dégradation. Nous avons donc intégré cette approche dans la norme. »

Pour tout organisme utilisant ou envisageant d’utiliser ISO 14001, ainsi que pour les quelque 300 000 organismes certifiés selon la norme à travers le monde, cette révision soulève des questions telles que les changements qu’elle implique ou ce dont il faudra tenir compte à l’avenir.

Aller de l’avant

La première édition d’ISO 14001 a été publiée en 1996, bien que la nécessité d’une norme environnementale internationale remonte au « Sommet de la terre » de 1992 à Rio, qui a inscrit le développement durable au programme d’action des gouvernements.

Les experts du groupe de travail WG 5 du sous-comité SC 1 de l’ISO/TC 207, en charge de la révision d’ISO 14001, réunis à Londres pour la finalisation de la norme avant le vote sur le projet final de Norme internationale (FDIS).

« Avec près de 20 ans d’existence, ISO 14001 s’est imposée comme la norme environnementale la plus demandée au monde, saluée à la fois pour son accessibilité (elle s’applique aussi bien à l’industrie lourde qu’au secteur des services, au secteur public ou aux PME) et pour sa capacité à aider les entreprises à dégager des améliorations d’ordre opérationnel et environnemental, réduire les coûts et améliorer leur management de la conformité », souligne Anne-Marie Warris, Présidente du sous-comité en charge d’ISO 14001.

La dernière version de la norme remontait à 2004. Depuis, le monde a changé. « […] La sensibilisation générale aux enjeux environnementaux, comme la question de l’accès à l’eau et de son utilisation, ou les défis climatiques, a beaucoup progressé » explique Anne-Marie Warris, et le temps était venu d’« envisager comment assurer la pertinence à long terme d’ISO 14001 pour les organisations modernes alors qu’elles sont confrontées aux enjeux environnementaux que nous connaissons tous ».

Par ailleurs, ISO 14001 n’a pas échappé aux critiques au fil des ans, même si beaucoup estimaient malgré tout qu’il existait une large marge d’amélioration possible pour stimuler l’adoption de cette norme, qui passerait nécessairement par une approche plus stratégique.

Qu’est-ce qui a donc motivé la révision de cette norme ? Dans un premier temps, un exercice a été mené en vue d’identifier les défis qui se profilent en matière de management environnemental, dont il est ressorti un certain nombre de thèmes ayant trait à la nécessité de « s’inscrire dans une logique de développement durable et de responsabilité sociétale », de « faire le lien avec la gestion opérationnelle stratégique » et de « tenir compte des impacts environnementaux dans la chaîne logistique/de valeur », etc. Dans un deuxième temps, il a été décidé que la révision devait intégrer le nouveau cadre commun de l’ISO en matière de systèmes de management ; enfin, dans un troisième temps, la révision s’est appuyée sur les résultats de l’étude menée en 2012/2013.

Cette étude s’articulait autour de deux grands axes de réflexion : dans quelle mesure ISO 14001 devait-elle porter ou renforcer son attention sur les défis futurs liés au management environnemental ; et comment la valeur de la norme ISO 14001 était-elle perçue en matière de gestion opérationnelle et de management environnemental. Cette étude a servi de point de départ pour déterminer les modifications nécessaires, explique Maiko Okuno, de Mitsubishi UFJ Research and Consulting, une experte qui a participé à l’analyse des réponses, ainsi qu’à la révision d’ISO 14001.

Cette nouvelle édition tient par conséquent compte des dernières avancées intervenues dans les pratiques de management environnemental, et reflète l’environnement toujours plus complexe, exigeant et dynamique dans lequel opèrent les organisations modernes.

Tirer avantage d’ISO 14001

L’obtention de la certification ISO 14001 confère assurément un atout commercial à une organisation à qui elle permet de réduire ses émissions de gaz à effet de serre, de rationaliser sa gestion des déchets, tout en garantissant une plus grande maîtrise du risque d’entreprise et un avantage concurrentiel. Cette certification est donc positive pour les entreprises d’un point de vue commercial, tout en favorisant la protection de l’environnement.

Antonio Burgueño, Directeur qualité et RSE de FCC Construcción, une entreprise de construction espagnole basée à Barcelone, ne tarit pas d’éloges : « ISO 14001 nous a beaucoup apporté, notamment au niveau de la cohérence et de la rationalisation de nos processus à l’égard des tiers et dans l’ensemble de notre organisation au niveau global. »

« La mise en oeuvre de la norme nous a également permis d’améliorer de manière significative notre impact sur l’environnement. Pour la seule année 2014, nous avons réduit nos émissions de carbone de plus de 23 tonnes, notre production de poussières de plus de 20 tonnes, et nous avons réutilisé 116 m3 d’eau, sans compter les quelque 6 millions de mètres cubes de gravats propres en surplus que nous avons réutilisés ou recyclés, plutôt que de les envoyer vers des sites d’enfouissement. »

D’ailleurs, les entreprises indiquent que les deux raisons motivant la mise en œuvre de cette norme sont la volonté d’améliorer leur image, ainsi qu’un engagement général à protéger l’environnement. « Sans système de management certifié, nous n’aurions pas eu la capacité de remporter des marchés auprès de nombre de nos clients », conclut Bob Cutler, Directeur général, service de contrôle des huiles d’ALcontrol, l’un des principaux laboratoires d’analyse mondiaux dans le domaine des produits alimentaires et de l’environnement, qui dessert des organisations dans le monde entier.

Élargir le champ d’action

La dernière version d’ISO 14001 cherche à atteindre les PME. Amarjit Kaur, une experte malaisienne de SHEMSI Sdn Bhd, qui a participé à la révision, explique que « les petites et moyennes entreprises sont un peu intimidées par le terme « développement durable », mais c’est en les amenant à intégrer les concepts de protection de l’environnement et de perspective de cycle de vie, qu’elles se trouveront, sans s’en rendre compte, sur la voie du développement durable. »

Fortement axée sur les performances et les résultats, cette nouvelle édition aidera les entreprises, y compris les PME, à obtenir des résultats quantifiables sur le plan environnemental.

Une meilleure intégration dans la stratégie

Infographie: ISO 14001 a 20 ans

Cette norme comporte un certain nombre de changements clés. Amener le conseil d’administration à s’intéresser au management environnemental au point de l’intégrer dans ses priorités stratégiques, est l’un des changements les plus notables pour les Directeurs généraux et autres cadres dirigeants. Ils ont désormais une raison valable pour s’intéresser à cette question essentielle pour leur entreprise, puisqu’elle se rattache à leurs activités et préoccupations. Amarjit Kaur estime que la prise en compte de la performance environnementale dans les activités stratégiques courantes de l’organisme constitue probablement le principal changement. « Je m’en félicite », s’enflamme-t-elle, « j’espère que grâce à cette nouvelle approche, qui accorde une place plus explicite à l’environnement, ce sujet figurera à l’ordre du jour des réunions portant sur la stratégie et les orientations de l’organisme. »

Un nouvel article, axé spécifiquement sur le conseil d’administration, a été ajouté afin d’attribuer des responsabilités spécifiques aux personnes assumant un rôle de direction, ce qui leur permet par ailleurs de mieux maîtriser leurs stratégies organisationnelles. Le management concerne les processus, tandis que le leadership porte sur les comportements. Une bonne direction unifie la finalité et les orientations de l’organisme, en promouvant une culture d’entreprise interne dans laquelle chacun peut s’impliquer pleinement en vue d’atteindre les objectifs de l’organisme. Cette implication de la direction permettra d’optimiser la performance du système de management environnemental de l’organisme, rendant ce dernier plus durable, réduisant les coûts et aidant à préserver les ressources mondiales pour les générations futures.

Environnement – votre impact et ses effets sur vous

Les panneaux photovoltaïques sont une source d’énergie alternative.

Dans cette même perspective stratégique, les entreprises sont tenues d’examiner la spécificité de leur contexte et d’identifier les effets de l’environnement sur leurs activités. Cette demande implique la prise en compte de nouveaux facteurs applicables au contexte de l’organisme, comme la volatilité climatique, l’adaptation aux changements environnementaux et la disponibilité des ressources. Il s’agit là d’un grand pas en avant puisque les éditions précédentes n’incluaient pas les effets de l’environnement sur l’organisme dans le domaine d’application de la norme.

Clairement, la protection de l’environnement reste un élément central de la philosophie d’ISO 14001, tout comme le devoir pour tout organisme de s’engager à adopter des mesures proactives pour préserver l’environnement de tout préjudice et de toute dégradation. Cela peut inclure des questions telles que l’utilisation durable des ressources, la protection de la biodiversité et des écosystèmes locaux ou l’adoption de mesures visant à prévenir la pollution.

La notion de « contexte » signifie également que les entreprises doivent tenir compte d’autres questions qui ne sont pas liées, de prime abord, à des préoccupations environnementales restreintes, mais qui peuvent avoir des effets préjudiciables sur leurs activités, par exemple le paysage concurrentiel dans lequel elles opèrent, les facteurs techniques et même culturels. S’attacher aux facteurs à la fois internes et externes peut aider les organismes à tirer parti d’opportunités bénéfiques tant pour eux-mêmes que pour l’environnement.

Une perspective de cycle de vie

La notion de « perspective de cycle de vie » est mise en avant dans cette version de la norme, obligeant les organisations à adopter un point de vue plus large et à faire face à leurs questions environnementales dans une perspective plus holistique. Selon Susan Briggs, l’idée implique de « tenir compte de la performance, pas uniquement des activités opérationnelles de l’organisme, mais aussi des produits créés, de leur utilisation et de leur élimination finale ». La perspective de cycle de vie ne requiert pas une analyse détaillée du cycle de vie ; cela signifie en revanche que l’organisme doit engager une réflexion sur les phases du cycle de vie qu’il est en mesure de maîtriser ou d’influencer, à savoir, notamment, l’acquisition des matières premières, la conception, la production, le transport/la livraison, l’utilisation, le traitement en fin de vie et l’élimination finale. Les phases du cycle de vie varieront d’un produit à l’autre et d’un service à l’autre.

Un cadre commun

ISO 14001 deviendra l’outil de référence des organisations permettant d’intégrer les questions environnementales.

La dernière version de cette norme adopte le cadre commun pour les normes de l’ISO relatives aux systèmes de management, qui fournit une structure générale pour les systèmes de management, à savoir le texte de base, ainsi qu’une terminologie et des définitions communes.

Ce nouveau cadre, que les experts appellent « Annexe SL » ou encore « Structure de niveau supérieur », figure dans le Supplément ISO consolidé des Directives ISO/IEC. Il est conçu dans l’intérêt des utilisateurs afin d’établir une plus grande cohérence entre les différentes normes de systèmes de management, facilitant ainsi la mise en œuvre simultanée de plusieurs systèmes de management et le lien aux systèmes d’activités communs.

Cette version est-elle plus ou moins prescriptive que la précédente ?

À la lumière de ce qui précède, cette norme paraît plus prescriptive que l’édition 2004. Est-ce réellement le cas ? « Concernant toutes ses nouvelles « exigences » », argumente Amarjit Kaur, « ISO 14001 offre plus de flexibilité aux organismes dans la manière de satisfaire aux exigences que dans les éditions précédentes, tout en insistant davantage sur l’amélioration de la performance environnementale. Elle fournit un cadre pour une approche globale et stratégique de la politique, des projets et des actions de l’organisme sur le plan environnemental – permettant aux entreprises d’insérer cette approche dans le contexte spécifique de leur organisation. »

Rite de passage

Pour Anne-Marie Warris, il ne fait aucun doute que la nouvelle édition constituera un atout majeur pour les organisations. Elle prévoit qu’« ISO 14001 deviendra l’outil de référence des organisations permettant d’intégrer les questions environnementales, et les questions qui en découlent, telles que l’utilisation de l’eau, dans les plans, les actions et les réflexions stratégiques de l’entreprise. »

À compter de la publication d’ISO 14001:2015, les organismes certifiés selon l’édition 2004 disposeront de trois ans pour démontrer qu’ils se conforment aux exigences de l’édition 2015. « Le changement peut intimider, mais il s’agit simplement de se lancer », conclut avec une note optimiste Anne-Marie Warris.

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Elizabeth Gasiorowski-Denis

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