Créer des écoquartiers où il fait bon vivre ? Construire une école de conception bioclimatique ? Monter un projet d’agriculture urbaine ? C’est le défi qu’a relevé la plus grande métropole alpine d’Europe, Grenoble, « capitale » des Alpes françaises. Depuis plus d’une décennie, la ville est au cœur d’un projet immense : la mise en place d’une communauté moins consommatrice d’énergie et plus respectueuse de l’environnement, tout en répondant aux attentes de ses habitants actuels et futurs.
Car l’agglomération grenobloise doit composer avec les fortes contraintes géographiques et climatiques de son territoire de montagnes. Ainsi, l’avenir grenoblois passe par la promotion d’un urbanisme apaisé moins gourmand en espace, la réorganisation des accès automobiles, le désencombrement du cœur de ville par des modes de transport doux, et le recours à des ressources énergétiques propres et une architecture écologique qui conditionnent le bien-être de ses habitants.
Ce projet d’envergure s’inscrit dans la démarche ÉcoCité, lancée par le gouvernement français en 2008, qui vise une nouvelle façon de concevoir, construire et gérer la ville. Partenaire de cette initiative, la métropole grenobloise s’est tournée vers la norme ISO 37101, dans le cadre du renouvellement urbain de son territoire, qui offre un outil de référence précieux pour évaluer les projets urbains innovants. Cette norme pleine de bon sens doit permettre d’atteindre plus efficacement les grands objectifs de développement durable que la collectivité s’est donnés. ISOfocus s’est entretenu avec Christophe Ferrari, Président de Grenoble-Alpes Métropole, qui nous livre ici ses impressions.
ISOfocus : Le concept de ville intelligente, ou « smart », a fait beaucoup de bruit. Qu’est-ce que cela signifie pour une ville comme Grenoble ?
Christophe Ferrari : Le territoire grenoblois est un espace de projets, une terre d’innovation et d’expérimentation sociale, écologique et technologique. Forgée par la culture d’un esprit pionnier, où la prise de risque fait partie de la vision même du progrès, l’agglomération grenobloise s’invente et se renouvelle en permanence.
Dans un contexte mondial marqué par des défis environnementaux et sociaux d’une ampleur inédite, Grenoble-Alpes Métropole est « smart » par l’utilisation du numérique et des nouvelles technologies au service de son action pour devenir la Métropole de la transition énergétique, de la lutte contre la fracture climatique et sociale en développant de nouvelles formes de services et de solidarités ; une Métropole fondant son attractivité sur la qualité de vie et le bien-être des habitants et pour qui le développement durable, dans ses trois composantes, économique, sociale et environnementale, constitue le fil rouge de toutes ses politiques.
Quelles solutions intelligentes sont déjà mises en œuvre à Grenoble ?
D’ores et déjà, le programme EcoCité de Grenoble prend en compte la consolidation et l’émergence de démonstrateurs et de quartiers modèles de la ville intelligente, durable et résiliente. De surcroît, le territoire métropolitain est engagé dans le développement d’actions expérimentales uniques en France de gestion intelligente et collaborative des données énergétiques (Metro Énergie, appelée initialement VivaCité). Ces programmes sont construits dans une logique de partenariat avec la diversité des acteurs du territoire : collectivité, université, recherche, entreprises ainsi que les habitants et les acteurs associatifs.
Les nouvelles technologies numériques et l’innovation sociale associées à des axes d’intervention diversifiés permettent de développer des projets de territoires durables et efficients : conception urbaine et environnement, bâtiments et usages, énergies et réseaux, mobilités, services urbains innovants, rénovation et stockage énergétique des enveloppes, habitat participatif, réseaux de chaleur urbaine de nouvelle génération, vieillissement et maintien à domicile.
Quelles sont les normes ISO déjà employées pour soutenir les efforts de votre ville ?
La norme ISO 37101 pour le développement durable des villes et des territoires offre de nouvelles perspectives pour la construction de projets urbains démonstrateurs et exemplaires. Elle permet d’optimiser leur système de management et de rendre plus efficace leur gouvernance, par un principe d’amélioration continue. Cette norme ISO a ainsi été testée sur l’élaboration de la Charte environnementale du quartier innovant et démonstrateur Presqu’île. Forte de cette expérience, la Métropole s’engage de nouveau à l’application de la norme ISO 37101 sur un de ses projets phares pour les 20 prochaines années : le projet GRANDALPE.
Parlez-nous de ce projet en cours actuellement et des résultats attendus. Quel est le plus grand défi des villes d’aujourd’hui ? Quel conseil donneriez-vous aux pouvoirs publics pour le résoudre ?
Plus qu’un projet urbain, GRANDALPE est singulier par sa dimension humaine prioritaire. Il consiste à porter collectivement des actions pour améliorer le vivre ensemble et promouvoir les solidarités, pour une meilleure équité sociale et générationnelle sur un territoire central de 400 ha, habité par 30 000 habitants, au cœur géographique de la métropole.
S’il est envisagé dans une approche métropolitaine et de rayonnement national, voire mondial, la vie quotidienne locale est aussi une préoccupation centrale. Une attention particulière est portée à la qualité de vie, par l’intermédiaire de lieux de rencontres, de commerces de proximité (sources de lien social), d’accessibilité et d’espaces publics agréables à vivre, avec, en toile de fond, la notion de ville-parc.
GRANDALPE se destine à transformer le cœur de la métropole grenobloise à l’horizon 2040, avec les habitants et les acteurs du territoire. Il porte une ambition d’excellence et d’exemplarité.
Comment les normes ISO peuvent-elles aider à relever ces défis ?
La norme ISO 37101 fixe un cadre de référence et un langage commun pour tout type de projet urbain. Elle permet ainsi une lecture efficace des complémentarités entre les projets et les différents acteurs engagés sur un même territoire, au service d’un objectif commun.
ISO 37101 est aussi l’occasion d’une mise en dialogue des différentes échelles territoriales en invitant à évaluer les impacts d’un projet ou d’une action sur le territoire élargi, c’est-à-dire au-delà des limites du territoire d’application. Au-delà des évaluations, la norme ISO permet de qualifier et de quantifier les objectifs stratégiques et d’établir un plan d’action opérationnel au service du projet de territoire.